CHINE

Publié le par anne-claire emmanuel

 Frontiere Mongolie/Chine. Dans le train, nous jouons les espions industriels, epiant toutes les etapes du changement des essieux... Il est plus de minuit, dans un immense hangar, le Trans-mongolien repose sur des verins, a plus d'un metre du sol. Des ouvriers l'ont prelablement desolidarise de son systeme de roulement mongole et apportent ses nouvelles roues, chinoises. Les voies ferrovieres mongoles n'etant pas compatibles avec le systeme chinois, l'operation est executees a chaque franchissement de frontiere

On imagine d'ici la delectation des freres Cochet devant un tel spectacle...
Beijing (21.10.07). Premiers apercus de la Chine. Le ton est donne. C'est peuple... Du monde partout et beaucoup de velos. Encore plus de scooters electriques... L'idee est judicieuse et permet de limiter la polution auditive (qui serait horrible s'il fallait remplacer tous ces deux-roues electriques par des moteurs thermiques) et la polution de l'air qui n'a pas besoin de cela.
La famille Lesage (vous souvenez-vous des francais sur leur chameaux en plein coeur de la Mongolie?) facilite notre arrivee et nous acceuille dans leur maison. C'est un ilot de calme au centre de la ville, dans un quartier de "hutongs" (petites ruelles traditionnelles). Ines, Guillaume et leurs 4 enfants (Geoffroy, Aurelie, Antoine et Hugo) nous offrent le sejour le plus serein que nous ayons connu dans une capitale. A Pekin! Qui l'aurait cru? Pas nous...
D'ailleurs, nous ouvrons une parenthese pour les remercier encore de ces moments dans une ambiance toute familiale, ce que nous n'avions pas eu depuis fort longtemps.
Visite de la ville... Enfin, visite tres partielle de la ville car nous ne sommes pas des sportifs : le temple du ciel,
la cite interdite,
le temple des lamas ...
Un epais brouillard persistant (de l'hummidite bien sur...) confere aux toitures "en trompette" (comme le bout du nez de la soeur d'Anne-Claire) une aura tout a fait mystique. Nous, nous apprecions, mais le comite en charge de mesurer la qualite de l'air, en vu de l'arrivee des JO, l'a -t'il apprecie aussi? A priori, non.
Avant de quitter la ville, Ines et Guillaume nous font decouvrir la muraille de Chine, loin des foules touristiques. Balade pedestre et "en famille" sur ce grand serpent de pierre, pour nous, ce fut le clou du spectacle pekinois.
Il est maintenant temps pour nous de reprendre la route vers le sud du pays. Nous joignons par train la ville de Guilin (29.10.07). Guilin est touristique et sa reputation nous parait surfaite. C'est un ensemble d'affreux batiments "tout beton", deux jolies pagodes,
des pics karstiques, certes innatendus dans ce paysage urbain, mais inapprochables (a moins de sortir le porte-monnaie a chaque fois). Pour ajouter au charme du lieu, la manne touristique a fait monter les prix de tous les sites interresants aux environs. Donc, nous fuyons, impatiants et un peu stresses de reprendre nos velos.
Nos penchants pour les petites routes et les lieux encore epargnes par les foules nous conduisent, non pas sur les sites "officiels" des "ethnies-minoritaires-interressantes-a-visiter", mais sur un itineraires plus ou moins parrallele, avec des gens issus de minorites ethiniques qui n'osent parfois meme pas nous regarder et encore moins repondre a nos saluts...
Nous les voyons, le long des routes et sortant de chemins de montagne, charges de lourds fardeaux et se rendant aux marches des petites villes alentour.
Notre itineraire (Rongshui, Hechi, Tian'e, Luodian, Ceheng, Xingyi, Shilin) n'etait pas non plus celui conseille par les agences locales pour voir les plus beaux pics karstiques, mais nous avons quand meme pedalle sur des "routes" serpentant entre des "pains de sucre" plantes au milieu des plaines a riz.
Les pics isoles du Guangxi se transforment vite en montagnes abruptes, couvertes d'une vegetation luxuriante.
Dans les gargottes des villages, nos pause-repas, semblent etre l'attraction du moment et les regards suivent, le sourire aux levres, les mouvements encore un peu hesitants de nos baguettes. Si le morceau de viande nous echappe, les rires fusent. Si nous les regardons, les rires fusent aussi et si nous leur parlons, c'est l'hilarite generale. Ca c'est en groupe... Quand ils sont tous seul au bord des routes et qu'on essaie de demander notre chemin, ils font moins les fiers.... Bon en attendant, nous, les midis on est pas fiers et on se concentre sur nos baguettes.
La region ne nous permet pas de camper.
 Chaque soir, nous joignons une ville et dormons dans un hotel. Ce n'est pas difficile, car chaque bourgade a son hotel. Chaque soir nous retrouvons donc le bruit inherant aux petites villes chinoises. Les moteurs des vehicules indefinissables,
les scieries sur aluminium au coeur des villes, les gens qui crient, la musique delivree en megadecibel par le moindre magasin de vetement, les klaxones doubles des camions qui ne peuvent pas avances, le megaphone du vendeur de petits services qui arpente a velo les rues, les TV bloquees sur "volume maxi" dans les chambres des hotels, les portes qui claquent, les engueulades des soi-disants maitres du zen et les murs des batiments, qui, recouverts de ceramique, repercutent tous ces sons...
Et la fete donne pour lors de l'anniversaire des 30 jours d'un bebe...
Meme en haut d'une coline, assis a l'ombre d'une pagode (tout beton, imitation ancien), le chant des oiseaux est difficile a entendre...
Dans une de ces petites villes, dont nous ne connaissons meme pas le nom (c'est la consequence de l'atlas routier chinois que nous avons utilise, ecrit en chinois...), nous rencontrons Wei Youfu, professeur d'anglais. Il tiens a nous presenter a ses eleves, pour qu'ils entendent parler anglais... Il est 21h00, les enfants sont a l'ecole pour cause de controle. En nous apercevant, les charmants bambins contiennent, sous la surveillance de leurs instituteurs, leur excitation et nous lancent en choeur des "hello" parfaits.
Mais rapidement, apres le tour de plusieurs classes, la discipline flanche et nous nous retrouvons dans la salle des profs, submerges d'enfants survoltes. Nous n'etions pourtant pas leurs premiers touristes, mais l'acceuil est ainsi... Consequence : le controle general est reporte au lendamain.
Nous mangeons ensuite avec Wei Youfu. Le denuement extreme et l'absence de tout entretien de son appartement nous a surpris. Deux salaires, deux enfants en pension chez une tante, un statut de prefesseur d'anglais, instruit... Est-ce propre a ce foyer ou est-ce monnaie courante?
En chemin, nous prenons conscience de la difference du niveau de vie entre ville et campagne.... Un monde entre les deux.
Dans les champs, les mamies sans ages et toutes tordues, travaillent comme des fourmis, lentement mais inlassablement, et ploient sous le poids des charges. Tout est fait a bras d'Homme, les animaux sont peu utilises pour faciliter le travail (ormis le water-buffalo pour labourer les petites parcelles). Les familles sont nombreuses, la politique de l'enfant unique n'a pas eu le meme impact en campagne et encore moins aupres des minorites.
La situation des ouvriers oeuvrant a la construction des routes tranche avec le confort des villes. Ceux qui s'expatrient en Mongolie et vivent seuls, loin de tout, sous la yourthe sont finalement mieux lotis. Ici, ils vivent a 10 metres du lieu des travaux et subissent a longueur de (longue) journee le bruit infernale des mini-concasseuses de cailloux (quand ils ne les concassent pas eux-memes, arme d'une simple masse). Les bagnards des prisons dans "Lucky Luke", sans les fers aux pieds et sauf que la, rien n'est drole. Ils logent, dorment, mangent dans des abris rudimentaires -quelques planches de bois en surplomb au-dessus de la falaise, recouvertes de bache de chantier. Parfois, la petite famille les rejoint ; il y a donc des femmes qui travaillent aussi, dans les memes conditions et les petits enfants qui passent leur temps a jouer avec rien. Nous n'en avons pas vu travailler avant l'age de l'adolescence.
Les routes en chantier s'etendent sur des centaines de kilometres et on se demande si un terme est prevu aux travaux tant la tache parait d'ampleur... En attendant, en phase intermediaire, l'etat de ces routes est tres mauvais.
Les "riverains" n'ont pas vraiment le choix et conserve neanmoins le sourire, meme quand deux camions enlises bloquent toute circulation, ou quand un bus a atterri sur un des tas de pierre destines a recouvrir la voie, juste a cote d'un camion coince dans le fosse. Alors ceux qui habite pas loin continu a pied, les autres?...
La Chine a cette ressource d'avoir des milliers et des milliers d'habitants, tout petits Hommes prets a s'atteler a des taches monumentales, sur un immense territoire. Une fourmiliere.
L'athmosphere des dessins animes de Hayao Miyazaki (le voyage de Chiiro) n'est pas loin... Vehicules etranges, usines plantees fumantes et tordues, au milieu de la foret, comme tout droit sorties d'un cerveau d'enfant des annes 60, a qui on aurait demande d'imaginer l'an 2001, mamies toute ridees, ...
 
Pendant ce temps, en ville, les jeunes tentent des coupes de cheveux ultra-modernes, cours apres le dernier telephone portable, se deplacent en scooter. Les "urbains" accedent a tous les biens de consommation possibles et imaginables, croulent sous les slogans publicitaires, s'emeuvent devant les (mauvaises) series-TV qui exploitent le romantisme de la Chine ancienne et les classes moyennes partent en vacances a Guiling, Shilin , Kunming ou a Halong Bay.
Sous beaucoup de point de vu, voila un peuple difficile a comprendre, a 10 000lieues de notre culture et pris entre des opposes : communisme ou capitalisme, collectivisme ou individualisme, comportement zen ou emportes, arrierisme ou modernisme, yin ou yang?
Mon Dieu! Il y a un mois, l'eau etait gelee dans les rues d'Ulaan Baator, nous portions nos grosses polaires, nous dormions dans notre "tent-sweet tent", nous ne croisions personnes, notre regard portait a 30 km a la ronde, sur des plaines arrides, le ciel etait bleu azur...
Mais ou sommes nous?! Nous avons le tournis... Le ciel est toujours brumeux, il fait moite, les forets denses sont difficilement penetrables, la moindre parcelle de terre plate est habitee ou exploitee....
Ca va trop vite. La France nous manque, sa quietude, sa rationnalite (sauf les guichetiere de la poste), son climat tempere, ses mers, ses boeufs bourguignon, ses campagnes, ses jolies villes a l'architecture harmonieuse... Nous sommes francais, bien de chez nous, eleves au fromage et au saucisson. Nous sommes d'un peuple calme et pondere, que faisons nous ici?!
(...)
Visitons le site des stones forest, pres de Shilin (un conseil : fuyez le site de Shilin et echapez-vous vers Naigu forest), puis, arrivons a Kunming (21.11.07).
A Kunming (21.11.07), Manu cherche une paire de tennis pour epargner ses chaussures de velos qui tirent la tronche. Sur son passage, il repand la bonne-humeur. Du 45 fillette, ici, ca ne se fait pas. Les jeunes vendeuses, a l'annonce de la pointure, se penchent perplexes sur les pieds de Manu (avantageusement presentes dans des nu-pieds de style iranien totalement incongru dans ces contrees) et eclatent inevitablement de rire. A plusieurs reprises, Anne-Claire est sorti en larmes (de rire) des magasins, laissant les pieds de son homme en prise avec le professionalisme discutable des vendeuses-midinettes. Finalement, un gentil gars, dans minuscule boutique nous montre sans rigoler trois paires en 45, ! Super-mode en plus!
Nous quittons Kunming et faisons route vers le sud. Ligne "droite" vers le VietNam.
Quelques kilometres pas drole du tout au sud de Kunming ou le traffic est tres dense, puis nous rejoignons des zones moins frequentees
.../...
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 et faisons halte a Tonghai. A priori, rien ne distingue Tonghai d'une autre ville chinoise et pourtant. C'est la premiere qui possede de superbes vieux batiments d'architecture traditionnelle (malheureusement pas tous visitables) et deux sites de pagodes et de temples. Dans la ville, le quartier commercant, relativement recent, s'est cree dans le respect de cette architecture.
Partout ailleurs, nous avons vu des villes de beton et de carreaux de faience. Les sites epargnes par la revolution culturelle sont rares...
Petite halte aussi pour admirer les rizieres de Yuanyang, photogeniques.
 Puis nous poursuivons notre route, le long de la riviere Rouge (pas rouge, mais boueuse) qui va repandre une partie de ses eaux (c'est pas tres clair sur la carte...) dans la baie d'Halong, au VietNam..

Publié dans CHINE nov-dec 2007

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J
Génial!   enfin   du  "frais" sur la chine     Mais quel est donc cet animal  prés du velo:   romulus?  bravo pour lesphotos   toujours aussi belles!  et cette muraille  : merci de nous faire partager cette architecture   et tous les sentiments   qui vont  avec!  Mais , pas de" nostalgie,"  vous la retrouverez  la france   si Sarko  ne l'a pas trop" vendue "à la chine!!!<br /> Gros bisous  et  plein de bonnes choses pour la suite à bientôt <br />  jline
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